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27 décembre 2012 4 27 /12 /décembre /2012 01:14

 

Quand ramasser peut être facile , se baisser devient difficile.Moha tousse.

 

Je tousse ma colère mon frère.Je tousse les circonstances qui ont fait que les rêves se brisent et deviennent un cauchemar à cause d'une erreur de calcul.Le mektoub , dira-t-on poursuit Moha.

 

Le Mektoub sur qui on essuie les erreurs , les oublis , les bétises.

 

Le Mektoub que l'on exhibe quand on sent la braise de l'erreur chauffer le corps.

 

J'ai commis beaucoup d'erreurs , cher ami poursuit Moha.

 

Jeune , je pensais me stabiliser , fonder une famille.

Au gré des vents et tournant le dos aux conseils des personnes expérimentées, mon choix s'est porté vers une jeune fille dont on me décrivit la bravoure du père.A mon époque, cher ami , les familles se mariaient avec les familles.J'ai choisi la bravoure du père que l'on me racontait.Je n'ai pas suivi la réticence de mes parents.

Mon souhait était de fonder un nid nouveau , bâti sur la compréhension , sur le niveau de culture.J'avais tort.

Bon nombre de ma famille pensait que le choix de ma future épouse était basé sur ma future installation en France.

Moha compte quitter l'Algérie  , disait-on.Ils se trompaient.Mon choix d'épouser une fille née en France partait du principe "stéréotypé" bien sûr que les filles née en Europe étaient culturellement beaucoup plus apte à donner du sens à la vie maritale.J'ai occulté le sens des réalités , cher ami.

Moha se tait.Le regard pensif larmoyant.

 

Que d'erreurs commises ! que de gachis ! Pourquoi ai-je fais le choix de m'installer en France , poursuit Moha.

 

Je dessinais déja l'avenir de ma progéniture.Je rêvais d'une tribu ou.  l'une des composantes serait avocate, l'autre médecin , l'autre journaliste , l'autre une grande personnalité , l'autre un politique , l'autre un sportif de haut niveau..Je rêvais d'une fraterie au sommet d'une pyramide portée par deux épaules.Mon épaule faiblissait.

 

Je me souviens mon frère que j'avais dit à ma campagne que je ne mettrai pas beaucoup de temps en France pour retrouver une bonne situation professionnelle et familiale.Je me donnais trois ans pour réusir , en partie ma vie ou rentrer en Algérie.

Mon souhait était d'acheter une maison avec un grand jardin..Mon souhait était d'avoir une bonne situation.Vivre dans la sérénité.Mes filles , éduquées à notre culture par leur mère , rassemblées par leur mère, comme l'a fait notre mère pour nous.

C'est les mamans qui rassemblent les enfants et s'agissant de filles , c'est à elle surtout qu'incombe la responsabilité d'une bonne éducation.C'est râté mon frère, hoche la tête Moha.

 

Le temps passé , je me voyais perdre de mon autorité de mari , de père.Je pensais dans le vide.Je travaillais dans le vide.Je me souviens mon frère . , je voulais concrétiser une partie de mon rêve.Acheter une maison pour rassembler les bribes éparpillés, résultats d'une vie déchirée.J'avais tout fait pour que la banque accepté le prêt.J'avais visité une maison sublime.Nous avions Rdv , ma campagne et moi avec la banque pour l'étape de la concrétisation.J'avais tout préparé.A l'heure du RDV , ma campagne était à 350 km, loin du domicile conjugal.Je me souviens, mon frère que quand je l'ai appelé pour lui rappeler le Rdv, elle s'est moqué de moi : arrête de jouer , m'a-t-elle dit !

Faire les démarches pour acheter une maison , donner du sens à la vie familiale , rassembler les enfants autour d'un chez soi était un jeu pour ma campagne qui ne pensait qu'au manque de moyen financier alors que je pensais à la volonté d'avancer."Hassalha Tesslek*, disait mon père ( complique les choses et elles deviennent facile à résoudre, dans le sens ou si tu t'engages dans une aventure, par la force des choses, tu trouveras une solution).

 

J'avais un projet, des projets , poursuivait moha.

 

Pour qu'un couple dure , il faut construire des projets en commun.Des projets qui lient , engagent et en même temps soudent les couples.Je n'avais aucun projet avec ma campagne et les enfants étaient livrés à la vie hasardeuse.

 

Si vous en êtes arrivés là, peut être que l'on vous a fait du "Shour", me disaient quelques proches.Moha sourit.

 

Je me suis fait du shour , au moment ou j'ai décidé de me marier sans réflechir aux conséquences du futur, poursuit Moha.

 

J'ai essayé tout au long des vingt ans passé en tant que mari et père à inculquer les principes de notre religion, continue Moha.J'ai elevé mes enfants en n'arrétant presque jamais de rabacher : trois choses . à ne pas faire : mentir , voler et rater vos études.Je relatais aux enfants les principes de notre religion dans la continuité de ce que ont fait mes parents.Moha se tait .

 

La quinte reprend le dessus , je lui verse un peu d'eau.

La mort n'est pas encore au rdv me sourit-il.

Les yeux de Moha se figent comme pour remonter le temps.La pupile gauche absorbe dans l'imahe.Moha construit la suite de son itinéraire.

 

Je n'ai jamais fait de grand Hram , me disait Moha.Je n'ai jamais bu d'alcool , ni commis d'adultère, ni voler les autres.

De toute ma vie , à part mes femmes légales, je n'ai pas commis de péché dans ce sens et je m'étonne que ma première femme et même quelques uns de mes enfants disaient le contraire, poursuit Moha.

 

Tout ce que j'ai fait , je l'ai fait en toute légalité, dans un cadre licite.A force de répéter des choses fausses aux enfants , ma première campagne leur a fait un bourrage de crane, un conditionnement ou la réalité s'est melée aux mensonges.

La caravane passe et les chiens aboient , disait on père.Je passais.

 

La caravane passe , que dis-je s'interroge Moha ?

 

Que reste-t-il à un père comme regard, comme souffle, comme soupir quand ses enfants passent devant lui sans lui dire bonjour, sans demander de ses nouvelles ?

 

Le temps passe et tout ce temps consacré à la progéniture depuis la naissance est un temps ou se figent les souvenirs, les rires , les privations , les sacrifices..On ne nait pas grand , poursuit Moha .On le devient et toujours grâce à Allah et à l'abnégation des parents.J'atteste mon frère, que j'ai mené à bien ma mission et quand le trou dévore l'embarcation , on a beau colmater les brêches mais le fond des mers aura toujours raison.

 

Sais-tu mon frère que l'âme est beaucoup plus fragile que le corps ?

 

Mon âme titube au fond des pensées .Je pense au pire .

 

Le jour ou j'apprendrais qu'une de mes filles a commis un grand péché , je la renierai, continue Moha.

Par ce geste , je veux juste rétablir les choses dans l'ordre.Mon nom est propre.Mon sang est propre et je veux que ce sang reste sans souillure.Un corps souilli est un corps rappelé à l'ordre par la conscience à tout moment.

Ma conscience est tranquille et par la puissance de mon créateur , j'atteste que ma conscience est tranquille car j'estime que j'ai fait ce que j'avais à faire.

Un père ne doit pas tout accepter.Un père dont la dignité a été froissée doit réagir .J'ai réagi.

Moha s'endort les yeux fermés.

 

Les mureaux , le 27/12/2012

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commentaires

V
Bravo ! Votre blog est l'un des meilleurs que j'ai vu !
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V
C'est avec plaisir que je regarde votre site ; il est formidable .j'ai bientôt quatre vingt printemps et je passe du temps vraiment très agréable à lire vos jolis partages .Continuez ainsi et encore merci.
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